Corner Office
Cinéma
2024-05-24

Film américain de 2022, comedie drama.
L'ambiance du film est là dès le début : blanc et gris. Orson arrive dans son nouvel emploi. Il gare sa voiture noire sur le parking enneigé et se dirige vers ce gratte-ciel en béton brut de 23 étages. Il monte au 4ème étage et s'installe méticuleusement à son bureau, qu'il partage avec Rakesh. Personne ne parle, mais l'histoire est racontée par une voix off, celle d'Orson.
Orson est un homme discret, il travaille dur et pour cela, il a une routine précise : 55 minutes de concentrations et 5 minutes de pause, toutes les heures. L'ambiance dans l'open space est assez lourde pour lui, il ne s'entend pas bien avec ses collègues, il est distant et ne s'autorise aucune pause ou discussion inutile avec eux.
Parfois, après ses 55 minutes de concentration, Orson marche pendant 5 minutes dans les couloirs. Pendant ces marches, il découvre une porte, qu'il ouvre, et entre dans un bureau. Ce bureau est tout l'inverse du reste du bâtiment : il y a des couleurs, un tourne-disque et de la musique, une grande baie vitrée, bien qu'il fasse toujours noire s'il n'allume pas la lumière, et un grand bureau avec un fauteuil en cuir. Comme il le dit : chaque chose est à sa place.
Au début, il ne reste pas très longtemps puis il commence à y passer un peu plus de temps, car quand il est dans ce bureau, il se sent bien et travail bien.
Mais tout n'est pas si simple. Quand Orson est dans son bureau, ses autres collègues le voient en train de faire face au mur, comme hypnotisé. Ils le trouvaient distants, maintenant, ils le trouvent bizarre. Cela remonte jusqu'à Andrew, le chef de la division, qui est gêné par la situation, car Orson fait son travail, il n'a donc rien à lui reprocher, mais ses collègues demandent à ce qu'il parte. Il résiste.
Orson vole des dossiers de Rakesh qui les fait glisser sur le bureau d'Orson, et les rédige le soir, quand tout le monde est parti, en allant dans son bureau. Il s'y sent bien, son travail est excellent, et il est même remarqué par le Vice Président, qui demande à Orson, par Andrew, de rédiger le nouveau livre des procédures de la société "The Authority Inc".
Très importante, la scène de la soirée de Noël : Orson a essayé de se faire remarqué par la fille de l'accueil, à qui il a révélé son secret. Elle est venue à la soirée de Noël, et n'a pas pu s'empêcher de lui demander de lui montrer cette pièce. Orson, qui semblait un peu gêné au début, a finalement accepté. On sentait que les deux s'entendaient bien, et ils sont rentrés dans le bureau. Tout s'est très bien passé, comme le voulait Orson, ils ont parlé, elle lui a fait des compliments, puis ils ont dansé et se sont embrassés. A la fin, ils sont ressortis de la pièce, la fille le regardait sans mot dire puis est parti brusquement chez elle. Aucun mot le lendemain quand Orson a essayé de lui demandé comment ça s'était passé, elle lui a demandé s'il avait pris de la drogue ce soir-là. Orson était plus que déçu.
Finalement, Orson, content de son travail, est allé voir Andrew dans son bureau. Celui-ci lui a offert une paire de chaussons pour qu'il se sente plus à l'aise, et Orson, en le remerciant, lui a demandé une faveur : l'autorisation de faire de la pièce mystérieuse, son bureau. Andrew a convoqué les autres employés pour leur en parler, puis c'est remonté au Vice Président, et Andrew est revenu le lendemain matin, avec les gardiens pour dire clairement à Orson que cette pièce n'existe pas et qu'il était viré. Avant de partir, Orson a chercher à échapper à la vigilance des gardiens et s'est réfugié dans son bureau, dans lequel rien ne peut l'atteindre.
Le film est bien fait, le contraste est flagrant : à l'extérieur, tout est morose, gris, sans saveur. A l'intérieur de ce bureau, on voit bien que Orson est chez lui, son bureau est son intérieur à lui, comme il l'imagine, tout est à sa place, il a confiance en lui, il y passe autant de temps que possible. On comprend très vite que ce bureau n'existe pas physiquement. A un moment, Orson va voir une psychologue, et la manière dont il décrit la pièce est très claire : c'est le lieu parfait, celui dont il a toujours rêvé, le lieu où il se sent bien.
Dans le film, Orson ne fait pas la différence entre la réalité du dehors, et son imagination dans ce bureau, mais c'est exactement le concept qui est utilisé en hypnose, où, pour se sentir bien dans les situations difficiles, on se crée un lieu refuge, dans lequel on peut placer tout ce qui est important, et dans lequel on se sent bien. C'est un des rares films qui parle de ce lieu, de manière aussi claire, et dans ce lieu, tout est parfait, c'est là que se trouve le bien-être.
Aussi, le regard des autres est dur : ses collègues ne le comprennent pas, et demandent, malgré le fait qu'il travaille bien, la hiérarchie est contente de son excellent travail, mais chacun veut son départ, car il gêne. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il n'a pas besoin des autres pour être heureux. Peut-être parce qu'il ne passe pas son temps à raconter des choses sur les autres, à colporter des ragots. Il fait son travail, et ça lui plait, d'ailleurs, il n'est pas à l'aise avec les autres, même à la soirée de Noël, où ses collègues le félicitent pour sa réussite après s'être fait remarqué par le Vice Président, ça ne l'intéresse pas, il ne leur répond pas. Il est solitaire, insociable.
J'ai bien aimé ce film, car j'ai bien compris qui était Orson, je suis peut-être un peu pareil des fois, et même si l'histoire est tronquée (on ne le voit qu'à son travail, dans une période donnée, on ne le connaît pas plus que ça), la situation présentée dans ce film me parle.
Voici la bande annonce en VO :